Le capitalisme et les massacres de travailleurs
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BULLETIN INTERNATIONAL / ÉDITION 146 / Decembre 2014

Les massacres de travailleurs sur leur lieu de travail n’ont jamais été autant à la hausse en Turquiequ’ils le sont sous le pouvoir de l’AKP.  L’utilisation dégénérée et impitoyable de la main d’œuvre ainsi que les mesures et les lois mises en place,dans le but de soi-disant contrer les accidents de travail, contribuent uniquement à  la sécurité du capital et à l’augmentation de l’exploitation et ce qui en résulte est l’augmentation du taux de mortalité au sein des travailleurs.
De l’année 2002 jusqu’à nos jours, soit depuis la venue au pouvoir de l’AKP, cette situation s’est illustréeà travers l’augmentation du nombre de morts chez les travailleurs. Pendant les deux derniers mois de 2002, 146 travailleurs ont perdu la vie. En 2003 le nombre passe à 811. En 2004 ils sont 843 ;  en 2005, 1096 ; en 2006, 1601 travailleurs meurent ; en 2007, 1044 travailleurs ; en 2008, 866 travailleurs ; en 2009, 1171 travailleurs ; en 2010, ils sont au nombre de 1454; en 2011, le nombre passe à 1710 ; en 2012, 878 travailleurs ; en 2013, 1235 travailleurs, et les dix premiers mois de l’année 2014,  le nombre de travailleurs décédés au travail s’élève à 1600. En somme, en 12 années de gouvernance de l’AKP, 14'455 travailleurs ont perdu la vie dans des « accidents de travail ».

Cette augmentation a poussé le gouvernement à prendre des mesures de sécurité légales et à préparer un « paquet pour  la sécurité dans le travail», à la suite du décès en 2014 de plus de 300 mineurs dans la ville de Soma et de 18 autres travailleurs dans une mine àErmenek. Pourtant ce dit « paquet de sécurité » amène simplement le contraire de ce qu’il prétend proposer ; il assure l’insécurité du travailleur vis à vis de son travail et ne fait que défendre les avantages et profits des patrons. Cette contradiction est d’ailleurs prouvée par les différents articles se trouvant dans le paquet-même. Certains articles illustrent parfaitement à quel point l’approche du gouvernement envers le problème des « accidents » de travail manque de sérieux.
Pour donner un exemple, il y figure que « des mesures seront prises contre l’exploitation forcée dans les travaux qui impliquent la location ou la redevance de la main d’œuvre» et que « ceux qui emploieront des personnes peu qualifiées ou ne correspondant pas aux standards seront punis ». La redevance et la location de la main d’œuvre poussent à maximiser le profit, par conséquent c’est le meilleur moyen d’exploiter encore plus la main d’œuvre et de forcer le travailleur à la productivité.
Le paquet ne prétend donc pas que ce système de travaildéfectueux sera aboli ou changé, mais qu’il va continuer et que la mortalité au sein des travailleurs ne va en rien diminuer.  Il est par ailleurs évident que l’article, qui précise que « les employeurs qui engagent des personnes peu qualifiées et ne correspondant pas aux standards seront punis au moyen d’une amende », ravit les patrons. En effet, le patron pourra payer son amende et forcera les travailleurs à augmenter leur productivité sans pour autant prendre les mesures de sécurité en lien avec leur travail. Le gouvernement ne se doute-t-il pas que cela se terminera de cette manière ?

Même si ces mesures sont appliquées, elles n’empêcheront en rien la mort des travailleurs. Le gouvernement prend ces mesures pour lui-même et pour faire bonne figure, tout en mettant au premier plan les avantages des patrons et du capital. En prenant ces décisions, le gouvernement ne s’adresse ni aux syndicats ni aux travailleurs comme par exemple les mineurs qui connaissent parfaitement à quelles insécurités ils sont confrontés.
De plus, les systèmes de redevance (par exemple dans les travails de la mine) et de sous-location de la main d’œuvre (entre différentes firmes) ne sont pas remis en question. Ces systèmes sont pourtant à la base de l’exploitation des travailleurs et écartent tout questionnement quant à la sécurité de ces derniers lors du travail. Les firmes qui louent leur main d’œuvre, notamment dans les secteurs privés, forcent la surexploitation des travailleurs et réduisent ou limitent au strict minimum les coûts liés à la sécurité de ces derniers, dans le but de compenser le prix de location et, principalement, de faire le maximum de profit possible. Et la conséquence fatale de ces choix est l’augmentation des accidents de travail et du taux de mortalités des travailleurs.

Les mesures prises ainsi que le paquet proposé par le gouvernement ne sont que des moyens pour ce dernier de se sauver en prétendant être à l’écoute des problèmes des travailleurs, tout en continuant l’exploitation de la main d’œuvre. Il ne serait en rien étonnant que demain le gouvernement s’exprime de la façon suivante: « Nous avons pris des mesures adéquates mais les travailleurs ne savent pas respecter ces règles et c’est par ce fait que les accidents de travail persistent ».

Dans une Turquie oùseulement 5% de la population peut utiliser les conventions collectives de travails; où le fait de s’engage dans un syndicat est empêché ; où les syndicats ne sont pas même consultés lors de problèmes d’insécurité dans le travail; où les mesures prises contre ces insécurités sont factices ; où des personnes travaillent sans sécurité et assurance ; où, par conséquent, le travail au noir prend racine ; où les travailleurs sont retenus dans ces conditions de travails inhumaines au moyens de menaces de chômage et de famine, il n’est pas étonnant que des « accidents » de travail surviennent. Et par conséquent, au vu de tout ce qui a été mis en évidence, il est inapproprié de parler d’accident de travail, car ceci n’est définissable que par le terme de massacre.

Et la « nouvelle Turquie » de l’AKP se caractérise par les massacres de travailleurs. Ermenek, Isparta, Torunlar, Soma, Tuzla, Davutpasa, Ostim, Kozu… le résultat : la mort de 14'455 travailleurs.

Dans la « nouvelle Turquie » de l’AKP, les travailleurs seront confrontés chaque heure à au moins 80 accidents de travail et chaque année à 706 mille accidents de travail.

Dans une Turquie où le gouvernement se justifie en prétendant que « les accidents sont inhérents au travail »,  les dits accidents ne peuvent être empêchés. Mais ceci n’est pas une fatalité.  Le prolétariat peut lutter pour l’amélioration de ses conditions de travail et ainsi abolir ce système d’exploitation pour mettre un terme à ces massacres collectifs de travailleurs. Dans le socialisme, les accidents de travail peuvent exister, mais pas les massacres sciemment provoqués.

    





 

 

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Les massacres de travailleurs sur leur lieu de travail n’ont jamais été autant à la hausse en Turquiequ’ils le sont sous le pouvoir de l’AKP.  L’utilisation dégénérée et impitoyable de la main d’œuvre ainsi que les mesures et les lois mises en place,dans le but de soi-disant contrer les accidents de travail, contribuent uniquement à  la sécurité du capital et à l’augmentation de l’exploitation et ce qui en résulte est l’augmentation du taux de mortalité au sein des travailleurs.
De l’année 2002 jusqu’à nos jours, soit depuis la venue au pouvoir de l’AKP, cette situation s’est illustréeà travers l’augmentation du nombre de morts chez les travailleurs. Pendant les deux derniers mois de 2002, 146 travailleurs ont perdu la vie. En 2003 le nombre passe à 811. En 2004 ils sont 843 ;  en 2005, 1096 ; en 2006, 1601 travailleurs meurent ; en 2007, 1044 travailleurs ; en 2008, 866 travailleurs ; en 2009, 1171 travailleurs ; en 2010, ils sont au nombre de 1454; en 2011, le nombre passe à 1710 ; en 2012, 878 travailleurs ; en 2013, 1235 travailleurs, et les dix premiers mois de l’année 2014,  le nombre de travailleurs décédés au travail s’élève à 1600. En somme, en 12 années de gouvernance de l’AKP, 14'455 travailleurs ont perdu la vie dans des « accidents de travail ».

Cette augmentation a poussé le gouvernement à prendre des mesures de sécurité légales et à préparer un « paquet pour  la sécurité dans le travail», à la suite du décès en 2014 de plus de 300 mineurs dans la ville de Soma et de 18 autres travailleurs dans une mine àErmenek. Pourtant ce dit « paquet de sécurité » amène simplement le contraire de ce qu’il prétend proposer ; il assure l’insécurité du travailleur vis à vis de son travail et ne fait que défendre les avantages et profits des patrons. Cette contradiction est d’ailleurs prouvée par les différents articles se trouvant dans le paquet-même. Certains articles illustrent parfaitement à quel point l’approche du gouvernement envers le problème des « accidents » de travail manque de sérieux.
Pour donner un exemple, il y figure que « des mesures seront prises contre l’exploitation forcée dans les travaux qui impliquent la location ou la redevance de la main d’œuvre» et que « ceux qui emploieront des personnes peu qualifiées ou ne correspondant pas aux standards seront punis ». La redevance et la location de la main d’œuvre poussent à maximiser le profit, par conséquent c’est le meilleur moyen d’exploiter encore plus la main d’œuvre et de forcer le travailleur à la productivité.
Le paquet ne prétend donc pas que ce système de travaildéfectueux sera aboli ou changé, mais qu’il va continuer et que la mortalité au sein des travailleurs ne va en rien diminuer.  Il est par ailleurs évident que l’article, qui précise que « les employeurs qui engagent des personnes peu qualifiées et ne correspondant pas aux standards seront punis au moyen d’une amende », ravit les patrons. En effet, le patron pourra payer son amende et forcera les travailleurs à augmenter leur productivité sans pour autant prendre les mesures de sécurité en lien avec leur travail. Le gouvernement ne se doute-t-il pas que cela se terminera de cette manière ?

Même si ces mesures sont appliquées, elles n’empêcheront en rien la mort des travailleurs. Le gouvernement prend ces mesures pour lui-même et pour faire bonne figure, tout en mettant au premier plan les avantages des patrons et du capital. En prenant ces décisions, le gouvernement ne s’adresse ni aux syndicats ni aux travailleurs comme par exemple les mineurs qui connaissent parfaitement à quelles insécurités ils sont confrontés.
De plus, les systèmes de redevance (par exemple dans les travails de la mine) et de sous-location de la main d’œuvre (entre différentes firmes) ne sont pas remis en question. Ces systèmes sont pourtant à la base de l’exploitation des travailleurs et écartent tout questionnement quant à la sécurité de ces derniers lors du travail. Les firmes qui louent leur main d’œuvre, notamment dans les secteurs privés, forcent la surexploitation des travailleurs et réduisent ou limitent au strict minimum les coûts liés à la sécurité de ces derniers, dans le but de compenser le prix de location et, principalement, de faire le maximum de profit possible. Et la conséquence fatale de ces choix est l’augmentation des accidents de travail et du taux de mortalités des travailleurs.

Les mesures prises ainsi que le paquet proposé par le gouvernement ne sont que des moyens pour ce dernier de se sauver en prétendant être à l’écoute des problèmes des travailleurs, tout en continuant l’exploitation de la main d’œuvre. Il ne serait en rien étonnant que demain le gouvernement s’exprime de la façon suivante: « Nous avons pris des mesures adéquates mais les travailleurs ne savent pas respecter ces règles et c’est par ce fait que les accidents de travail persistent ».

Dans une Turquie oùseulement 5% de la population peut utiliser les conventions collectives de travails; où le fait de s’engage dans un syndicat est empêché ; où les syndicats ne sont pas même consultés lors de problèmes d’insécurité dans le travail; où les mesures prises contre ces insécurités sont factices ; où des personnes travaillent sans sécurité et assurance ; où, par conséquent, le travail au noir prend racine ; où les travailleurs sont retenus dans ces conditions de travails inhumaines au moyens de menaces de chômage et de famine, il n’est pas étonnant que des « accidents » de travail surviennent. Et par conséquent, au vu de tout ce qui a été mis en évidence, il est inapproprié de parler d’accident de travail, car ceci n’est définissable que par le terme de massacre.

Et la « nouvelle Turquie » de l’AKP se caractérise par les massacres de travailleurs. Ermenek, Isparta, Torunlar, Soma, Tuzla, Davutpasa, Ostim, Kozu… le résultat : la mort de 14'455 travailleurs.

Dans la « nouvelle Turquie » de l’AKP, les travailleurs seront confrontés chaque heure à au moins 80 accidents de travail et chaque année à 706 mille accidents de travail.

Dans une Turquie où le gouvernement se justifie en prétendant que « les accidents sont inhérents au travail »,  les dits accidents ne peuvent être empêchés. Mais ceci n’est pas une fatalité.  Le prolétariat peut lutter pour l’amélioration de ses conditions de travail et ainsi abolir ce système d’exploitation pour mettre un terme à ces massacres collectifs de travailleurs. Dans le socialisme, les accidents de travail peuvent exister, mais pas les massacres sciemment provoqués.